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Les taupins d'abord
7 août 2006

Le Journal d'une expatriée au Tibet

tibet1"Tibet: 8 mars – 9 avril 2006

Aéroport : il a la classe de l’aéroport de Beyrouth : pas moins !! Entouré de montagnes ressemblant à celles d’Afghanistan, sauf qu’elles sont brunes au lieu d’être rouges ! En juillet elles seront vertes ! Surprenant ! Pas de neige, un peu de sucre glace sur les sommets avoisinants. J’ai voyagé au milieu de l’avion, sans voir par les hublots : trop de monde ; juste quelques impressions volées sur l’appareil photo d’une voisine éloignée qui mitraille un paysage à couper le souffle: je me rattraperai  au prochain vol !

45mn de route pour atteindre Lhassa : le temps de croiser les premiers tibétains dans leurs épais manteaux sombres et épaisses bottes rentrer, au milieu des nuages de poussière marquant le printemps, dans des maisons construites en bord de route. Toutes semblables, logements ouvriers à un étage aux murs blanchis à la chaux, ceints de grands murs équipés d’une grande porte en bois sculpté, peintes avec des motifs traditionnels dans les tons or et rouge. Sur les toits les premiers drapeaux de prières sur des bambous ou pendus à une corde : bleu/eau, blanc/fer, rouge/feu, vert/bois, jaune/terre, …. tibet2L’algorithme se répète et fait écho à ces autres lignes de drapeaux flottant au sommet des collines saintes environnantes.

La route longe la rivière Lhasa (alimente le Bramahpoutre plus loin), fleuve gris rocailleux et plein d’argile mise en relief par l’hiver qui a assécher son cours. De beaux canards y nagent noirs-bruns-blancs. La grippe aviaire est arrivée aussi dans cette partie si haute perchée du monde. Et sur la rive des yaks ! Tous noirs avec des poils tous longs ! Plutôt beaux les bestiaux !

A l’entrée de la ville les boutiques commencent à s’aligner avec des enseignes en chinois et tibétain. La circulation, franchement plus folklorique qu’à Pékin est rythmée par des feux tricolores qui indiquent même le temps s’écoulant entre les passages du vert au rouge puis du rouge au vert ! Le respect est plus ou moins fidèle : ta voiture est la plus grosse, tu es le premier ! Ici aussi il y a des files latérales pour les vélos, les rickshaws (charrettes tirées par des cyclistes), les charrettes-taxis à cheval agrémentées de grelots teintant à défaut de klaxon et ….. les pèlerins se rendant au temple de Jokhang. Ils avancent en se prosternant, s’allongeant au sol bras tendus en avant puis se relevant pour recommencer l’enchaînement à l’endroit atteint précédemment par leurs doigts. Un long chemin pour ces pèlerins venant parfois de l’autre coté du Tibet et étant partis pour certains depuis plusieurs années. Souvent ils sont vieux : ce pèlerinage revêt une plus grande importance encore pour ceux qui approchent de la mort. Ils se protègent des genouillères et parfois de coudières matelassées et portent sur la paume de leurs tibet3mains des planchettes de bois qui les protègent lorsque s’allongeant, elles frottent le sol. Des femmes aussi avec des enfants en bas age, attachés par un lien de tissu à leur taille pour ne pas les perdre. Le chemin se fait lentement, plus encore pour ceux qui ont choisi de se déplacer perpendiculairement à la route et qui à chaque pas de coté doivent se prosterner.

 

La circulation augmente et les rues se rétrécissent ; la voiture s’engage sous un porche : l’hôtel, ou ma future maison …. Style tibétain : façades peintes de couleurs vives, bordures en tissus surplombant les fenêtres et rideau matelassées multicolores en laine devant chaque porte pour couper le froid lors des entrées et sorties. Les chambres et appartements entourent une petite cour sur 2 étages. Le toit plat est orné de bannières-prières aux 5 couleurs, flambants neufs : c’est loshar, nouvel an tibétain, et tous les drapeaux ont été remplacés. De là-haut une vue imprenable sur la ville : l’hôtel est situé au cœur du quartier tibétain, et d’ici on peut admirer le blanc et immense Potala, ou palais du D.Lama aujourd’hui transformé en musée 

 

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Enluminure du futur restaurant sur le toit de l’hotel

Je suis arrivée à la fin de la période de Loshar ou nouvel an : les tibétains étaient en vacances pour deux semaines (enfin souvent plutôt 3 !!) et fêtaient comme il se doit ce passage dans l’année du chien : visites les uns chez les autres en costume traditionnel : robe chasuble en laine brune ou noire, sur laquelle se noue un tablier bas droit en satin à rayures de couleurs. Chez les hommes la tenue spéciale est moins évidente, mais la dernière mode est au chapeau de cow-boy. Dans leurs vêtements sombres, leurs manteaux épais dont un seul bras est enfilé, l’autre tombant négligemment sur la hanche, et leurs bottes de tissu et semelles en corde (comme les tropéziennes), les tibétains ressemblent étrangement aux péruviens ou parfois encore aux Amérindiens lorsque avec cette tenue, ils arborent une tresse longue mêlée à un foulard rouge et ornée de pierres bleues, remontée sur le côté de la tête : ils sont beaux ces géants tibétains ! Ils appartiennent, pour les plus anciens, à cette partie de la population ayant activement résisté et lourdement payé leur engagement il y a 40 ans de cela ; ils se tiennent fièrement,leur regard est droit et soutenu, leur démarche désinvolte et assurée en même temps : ils sont présent, le montre ; les plus jeunes n’ont pas vécu cette époque mais la porte dans leur arrogante apparence ; ils symbolisent la génération traditionnelle rebelle.

tibet5Pour Losha, chaque maison a orné son entrée d’un vaisseau de bois agrémenté de plaquettes de carton décorés de motifs traditionnels en beurre de yack illustrant les légendes locales. Dans ce bateau des grains et de la farine d’orge que l’hôte de passage disperse par 3 fois par-dessus son épaule avant d’en avaler une pincée : vœux de chance et de prospérité. Cette barque côtoie une tour faite des aliments clefs de la nourriture tibétaine : pain de sucre roux, pain de sucre blanc, sac de sel, sac de farine, meule de beurre de yack ; et puis encore cette construction en pâte à pain symbolisant un assemblage d’os de moutons et jouxtant un pot où poussent des semences d’orge : protection de l’élevage et des cultures pour l’année à venir.tibet6

Le rituel est infaillible : un verre plein de bière (plutôt bonne cette bière légère à peine sucrée) à avaler cul sec de concert avec tous les membres assemblés. Il en est ainsi pour chaque nouvelle arrivée ou départ, et à chaque toast porté par un invité : « tchapa !!! »: à peine avalé le verre se remplit magiquement! Les étrangers sont mis à rude épreuve : tout le monde veut célébrer la rencontre, et les verres se multiplient sans vraiment de possibilité d’y échapper. Mais que fait donc alcooliques anonymes!?

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Viande de yack séchée, petits beurres (de yack) salés, graines de tournesol, bonbons, fruits tentent d’accompagner ces nombreux verres… On commence le matin, et cela ne s’achève que tard le soir. Pour certains les lendemains sont douloureux…. Qui l’eut cru ?

 

Je découvre petit à petit la nourriture tibétaine…. Le yack est vraiment bon, même si la viande est tellement séchée qu’en la mangeant on a l’impression de mâcher du chanvre ! Enfin en ragoût, en soupe, en ravioli, ….. drôlement bon ! Les dérivés sont moins convaincant : le fromage séché se laisse avaler, sans grande conviction je dois avouer, quant au thé au beurre et au fromage « frais », le goût s’approche de celui du « bleu de Bresse » ! Etrange de l’avaler sous une forme liquide : j’ai juste trempé mes lèvres ; j’essayerai d’être plus courageuse la prochaine fois ! De toutes les façons je n’aurai pas le choix : thé au beurre ou thé au lait : et comme le lait ne veut pas de moi ….. Au fait des études auraient montré que les occidentaux ne supportant pas le lait auraient dans leur descendance lointaine des parents asiatiques ou de la corne Africaine !?…..

Pour aller plus vite dans les essais, quelques restaurants que fréquentent des touristes de l’ouest, chinois, népalais ou même tibétains. Ils sont indiens, chinois ou occidentaux, mais rares sont ceux ouverts : la saison touristique ne démarre vraiment qu’en mai.

La cuisine indienne n’est vraiment pas assez épicée, et la chinoise trop ; heureusement le Lassi (yaourt à boire venant d’Inde et non pas de Lhassa !!!) est fameux et absorbe le feu ! Ahhh, la mixité culturelle !!!!!

Après une semaine d’exercice intensif (au moins un repas par jour), je suis plutôt fière de ma maîtrise des baguettes ! Hé, essayez de manger des spaghetti baignant dans la soupe avec deux tiges, et donnez m’en des nouvelles ! En attendant je n’avais pas une tâche sur ma tunique blanche à la fin du repas !!... Et non je n’avais pas de bavoir, mauvaises langues !!! Quand au riz, je rivalise aisément avec les chinois sans même faire autant de bruit qu’eux ! Et toc !

 

Globalement les importations de métropole chinoise arrangent considérablement un quotidien fait de viande de yack et produits dérivés et de farine d’orge (pas désagréable mais pas vraiment de goût ! Au moins ça nourrit !). Légumes, fruits, produits manufacturés (écrits tout en chinois avec une femme tout sourire en couverture et rien de plus ! Allez deviner ce qui est dedans !!). On trouve aussi du yaourt de vache (tout ne vient pas toujours du yack, ouf !), et venant du Népal, et de l’Inde d’autres produits comme des muesli ! Et oui ! Le paradis à côté de l’Afghanistan. Enfin, faire ses courses reste une partie de cache cache: courir d’une boutique à l’autre pour trouver une ou deux choses maximum, découvrir la source de farine de blé, éviter les ananas secs salés et les saucisses sucrées, sélectionner le meilleur thé au jasmin, arriver avant les autres expat’ et rafler la ration hebdomadaire de pain digne de ce nom fournie par LA boulangerie ! La bataille s’annonce serrée, avec des aventures toujours plus étranges pour les papilles, et la création d’un régime alimentaire passionnant !!

A la porte de la maison (enfin de l’hôtel !), pleins de petits marchants plus ou moins officiels, pour qui chaque chose est bonne à vendre vendeur de kleenex, de cigarettes « double plaisir », de l’alcool, de la viande de yack (ça c’est le domaine des musulmans !), du savon ; il y a aussi des marchants de légumes ou de fruits ambulants vendant egalement des légumes déjà râpés et préparés pour la salade ! Ca doit les occuper en attendant le passant Tibétain qui ne mange que de l’orge et de la viande de yack…. Dure compétition ! En attendant c’est bien pratique (fois d’occidentale gâtée !!). Eh ! Il y a même des vendeuses de frites ! Désolée, je n’ai pas eu le temps de goûter, mais reviendrait au rapport auprès des membres belges dès que ce sera fait !!

 

Lhasa

L’hôtel se trouve au cœur de la vieille Lhasa, partie tibétaine, et dès sortie du bâtiment je découvre l’importance du jour : peu de pèlerins et quelques mendiants, enfants ou adultes, hommes ou femmes, moines et nonnes, civils, jeunes et vieux, nous saluant joyeusement : jour ordinaire ; les fêtes sont marquées par des masses de pèlerins déambulant coudes serrés et la pas vif en se rendant au temple voisin.

L’odeur est prenante, alternant entre beurre rance, urine, fumée de l’encens mêlé à la bouse de yack. Les toilettes ne sont pas si répandues et une paire de fesses prenant l’air et se soulageant par la même occasion ne choque personne …

Un cocktail mitigé pour les narines que vient compenser des images captivantes d’architecture et couleurs traditionnelles tibétaines, les passants faisant tourner des moulins de prières, petits cylindres courts pivotants sur une longue tige de bois, et répétant une même phrase-prière résonnant comme le « Ohm » de méditation.

Autour des monastères ces mêmes moulins, de grandes taille, et fichés dans le mur, que les passants font tourner en passant leur main dessus. Et ce vieil homme avec sa burette à la main qui imperturbablement fait le tour du rempart et huile les axes de ces moulins de cuivre tournant silencieusement sur eux même pour lancer vers les Dieux les prières inscrites sur des papiers cachés dans leurs fûts.

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 Passés les lieux saints où des groupes de moines assemblés chantent en frappant leur tambourins, où des mendiants jouent d’un instrument à mi chemin entre la viole et le violoncelle, et certains enfants dansent sur des cassettes de musique tibétaine traditionnelle, les marchants de musiques pratiquent la surenchère sonore : musique tibétaine-disco (et ouais ça existe), musique chinoise ou musique indienne aux sons aigrelets des clochettes et instruments à cordes des déserts, … un vainqueur ? Tout le monde a sa chance, tous les goûts sont dans la rue ! Par contre ils sont tous les premiers pour une chose : couvrir le bruit peu seyant de ces passants, hommes ou femmes, se raclant consciencieusement la gorge et crachant sur la voie publique !....

 

 

 

Lhassa est une ville en pleine expansion aussi : les rues se goudronnent enlevant un peu de charme, mais réduisant la poussière et le sable venant agresser les passants en ces derniers mois de l’hiver. De grandes avenues se dessinent, des supermarchés émergent, la gare est déjà construite, le train est à l’essai et ouvrira aux usagers officiellement en juin de cette année. Le plan d’urbanisation de la ville est conçu depuis longtemps et se développe petit à petit avec ses quartiers commerciaux, gouvernementaux et résidentiels, ses rues avec trottoirs (waoo !! incroyable pour moi) et ses statues représentants les chinois conquérants de l’Everest.

 

Travail

Côté boulot la passation s’est passée doucement mais sûrement : des tonnes d’infos à ingurgiter, mêlées d’us et coutumes différentes de celles connues jusqu’à présent. En résumé, plein de travail de formation, plein de terrain pour renforcer les capacités existantes des travailleurs communautaires anciens et nouveaux, pour mettre en action un travail en réseau regroupant un maximum d’acteurs dans le domaine de la santé, de l’éducation, du travail, et même de …. la propagande !! Eh oui, tous les messages que l’on veut transmettre, ainsi que les procédures doivent être validés ! Transparence maximum nécessaire : ça a l’avantage d’obliger à être clair sur ce que l’on transmet ! Donc partie de mon boulot va être de faire TRES régulièrement et TRES souvent des courbettes devant les représentants officiels chinois…. La première réunion m’a rappelé quelques séances de Salamalecs au Liban ! Le travail en métropole chinoise est pour l’instant laissé de côté et je dois me concentrer sur Lhassa et ses environs : tâche de géant, mais qui s’annonce passionnante …..

L’équipe de travailleurs communautaires actuels est sympa : 1 homme pour 7 femmes !! Après l’Afghanistan, je serais tentée de mettre en place un service de soutien pour homme !! Heureusement le service va s’enrichir d’un deuxième chef de projet, homme, …. provenant du gouvernement ! Eh bien oui, puisque l’autre est de handicap International, des étrangers !!

Donc une équipe soudée, pas débordée par le travail certes, mais très volontaires et désireux d’apprendre : bon départ ! Ils ont eux-mêmes un handicap ou ont un enfant avec un handicap (voir même les 2 pour l’un d’entre eux ! ouffff) ; intéressant pour l’image porteuse que cela donne sur les capacités des personnes handicapées à assumer leur responsabilités, prendre une part active et essentielle pour la communauté.

Après les avoir rencontré autour des verres de bière de la nouvelle année, nous nous rencontrons autour du thé et des verres d’eau chaude trônant en permanence sur les tables. Les téléphones portables donnent le fond musical, les fenêtres ouvertes permettent de chauffer la salle de travail !! Le travail commence doucement : stade de l’apprivoisement…..

 

Mais aujourd’hui la passation est finie et les choses sérieuses ont commencées! Au programme immédiat, recruter des volontaires qui soutiendraient les travailleurs communautaires, ouvrir un centre communautaire pour favoriser les activités d’intégration des enfants handicapés ; convaincre le gouvernement que le handicap fait partie de ses priorités sur le papier mais aussi et surtout dans les actes. Informer la population que son voisin handicapé a besoin d’elle et elle de lui ; que chacun a des compétences et des sourires à partager avec l’autre et que se les offrir réciproquement apporte énergie et harmonie. Comme bien souvent l’ignorance et le manque d’éducation sont comme dans trop d’endroits la raison de ce fossé séparant la communauté atteinte de handicap et celle se croyant protégée ou sauvée de la malchance…

Alors concrètement, dans le mois qui se déroule je dois rencontrer les étudiants tibétains et chinois à qui le gouvernement fait la proposition suivante : engagez vous comme volontaire pour des actions civiles de support de la communauté, et vous obtiendrez des « points » pour vous aider à démarrer dans la vie : plus vous avez de points, plus vous avez de chances d’obtenir le poste que vous souhaitez (après les études supérieures, le gouvernement affecte les personnes en fonctions des postes qui sont vacants, non en fonction des capacités) ou bien de travailler près de l’endroit où vit votre famille. Mais ce procédé ne fait que démarrer au Tibet, et le représentant de la « ligue des jeunes » est peu coopératif…. Youpi. Il va y avoir aussi des sessions d’information sur le handicap pour les médecins pratiquant la médecine tibétaine et les médecins de villages ; ces derniers sont devenus médecins après 1 à 6 mois de stage à l’hôpital en sortant de l’école primaire…. Il y a aussi à trouver et mettre en place un réseau pour détecter les enfants handicapés ; même si avoir un enfant handicapé doit être accepté comme faisant partie du Karma, la honte (marque le disfonctionnement des ancêtres) et l’incompréhension font que les enfants sont très souvent cachés (attitude qui est peut-être renforcée par la politique de l’enfant unique-contrôle de l’expansion de la population, même si cette politique est allégée pour les minorités et donc pour les tibétains : 2 à 3 enfants sont possibles).

Et puis il y a aussi la préparation d’une étude de terrain sur les besoins des personnes handicapées et les ressources de la communauté objectif : démarrer un service de suivi à domicile et un centre d’activités sociales pour les personnes handicapées cet hiver, dans 2 secteurs ruraux aux alentours de Lhasa.

Quant à l’équipe : toujours aussi souriante ! L’organisation de la passation du projet au gouvernement début 2008 (y a encore du temps !) a démarré par le choix de 5 travailleurs communautaires sur 8 qui seront repris (salaire) par le « bureau » des personnes handicapées ; délicat, les 3 autres ne savent actuellement pas qui reprendra leurs salaires quand Handicap quittera le projet. Le sourire était cependant sur tous les visages à la dernière réunion, ce qui ne veut rien dire : le sourire est de mise en Asie, signe que l’on ne perd pas la face ; mais que se cache-t-il derrière ?? Un bon point, nos décisions rejoignaient leurs attentes ; pas de mauvaise surprise donc. Au niveau terrain leur niveau est très variable et c’est parfois décevant, voir décourageant quand on considère les 5 années de formation qui ont été dispensées par les précédents expatriés. Question de culture ? Question d’éducation (école)? Encore 18 mois pour en faire des « maîtres » de l’accompagnement communautaire…. Ouuuff !

Pour consoler une équipe qui pense peut être que les exigences sont hautes, mes démarrages sur le terrain asiatique ne sont pas tristes non plus et doivent les consoler (les tibétains sont très moqueurs) …

La semaine dernière je me suis rendue dans une famille dans le cadre du suivi des travailleurs communautaires. Quelques questions sur l'enfant de 8 ans suivi et les activités proposées: pas grand chose pour ne pas dire rien! Action de la famille: surprotection et pas d'intégration de l'enfant même dans les activités domestiques (il ne va pas à l’école et ne sort pratiquement pas)...... bof..... Discussion sur les activités possibles, en particuliers celles touchant au quotidien de cette ferme et pouvant lui permettre de développer ses capacités et d’éviter de se mettre en danger quand il sent qu’il n’est pas au centre de l’attention de sa famille, ... Le temps s’écoule et comme on est sur le point de partir, je vois sur le sofa une plaque de pierre et une pierre ronde dessus: genre kit pour moudre le grain. Dans la foulée de la discussion, je propose à la maman de montrer à l’enfant comment ça marche et de pourquoi pas lui proposer cette activité ultérieurement s’il montre de l’intérêt ..... étant sur le point de partir, la discussion s'arrête là: la maman ne semble pas très convaincue cependant .....

Dans la voiture: le traducteur, peu participatif durant la dernière partie de l’entretien me demande si je sais à quoi sert les pierres. "A moudre le grain en farine, non !?".......

Non, c'est le kit de "fabrication" de tabac à sniffer !!!!!!! ......

Chhhhuuut ; il ne faut pas le dire mais Handicap International se reconvertit en Narcotiques International ! Chhhuuuut

….Heureusement que le ridicule ne tue pas. Affaire à reprendre avec la famille !

 

Et pour démarrer dans de bonnes conditions, 2 points essentiels : La Chine veut que l’ensemble se son pays vive à la même heure, mais Dame Nature se s’est pas laissé abuser par la situation et au Tibet le ciel annonce 5 :00 quand officiellement il est 7 :00 sur les horloges chinoises…. Pas de problème, les Tibétains s’adaptent, et ici la journée de travail démarre à 9 :30 !!! Youpi !

Et puis de bonnes perspectives : la semaine comprenant le 1er mai est fériée ! Pour ceux qui ne craignent pas le froid et les risques de neige, les premières randonnées sont faisables, avec des yacks pour porter les bagages!!

Et en aout-septembre (la 1ère semaine du 7ème mois lunaire ! Ca vous avance hein !?), le festival du yaourt offre une 3 jours de congés, et le « jour» national chinois….une semaine !! (1ere semaine d’octobre) : la pluie se sera arrêtée, et les températures seront celles d’une fin d’automne (ou d’un début d’hiver en Auvergne ! Pfffff !) à Lyon.

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tibet14Légende de la solidarité : Si l’éléphant, le singe, le lapin et l’oiseau n’avaient pas décidé de s’ associer, ils ne partageraient pas le fruit avec autant de plaisir !!!

A bientôt !

Cécile"


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Commentaires
C
Bonjour,<br /> Serait-il possible d'avoir les coordonnées éléctroniques ou postales du bureau d'handicap international à Lhasa? Je suis étudiante en tibétain, et je vais essayer d'obtenir une bourse de voyage de la fondation zellidja (www.zellidja.com) sur la prise en compte et l'intégration des personnes handicapées dans la ville de Lhasa, en Aout 2007. Ces coordonnées me permettraient de compléter mon dossier de candidature pour cette bourse, et m'aiderait à mettre en place mon projet.<br /> <br /> Merci d'avance <br /> Camille
Les taupins d'abord
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